22 mai 1964 – 22 mai 2021 : CBLT a 57 ans !
Il y a exactement 57 ans, plus précisément le 22 mai 1964, dans ce qui était alors le Fort Lamy, quatre leaders visionnaires (Ahmadou Ahidjo, Diori Hamani, François Tombalbaye et Sir Abubakar Tafewa Balewa, respectivement présidents de la République fédérale du Cameroun, de la République du Niger, de la République du Tchad et Premier ministre de la République fédérale du Nigeria) ont signé la convention quadripartite portant création de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT).
La convention délimite la vaste zone qui couvre le lac Tchad. À l’époque, elle couvrait plus de 25 000 km2 et comprenait des affluents et une nappe phréatique relativement inconnue. En 1964, lorsque la CBLT a été établie, le bassin couvrait une superficie de quelque 437 000 km2, soit presque la taille du Cameroun. En 1994, lorsque la République centrafricaine (RCA) a rejoint l’organisation, la superficie a plus que doublé pour atteindre 967 000 km2. C’est ce que les spécialistes, dans leur jargon, appellent le « bassin conventionnel du lac Tchad » ou bassin actif. C’est la zone d’intervention de la CBLT.
Celle-ci est une organisation permanente de concertation et de coopération chargée de la gestion harmonieuse des ressources en eau et autres ressources environnementales du lac Tchad entre les six pays membres (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad, RCA et Libye). Le « bassin hydrographique du lac Tchad » englobe les rives sahéliennes de différents pays (Algérie, Libye, Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun, RCA) avec près de 2 382 000 km2.
Situé à la charnière entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, le Sahel et le Sahara, le lac Tchad est au cœur d’une région caractérisée par une désertification galopante et une croissance démographique effrénée. Les sécheresses et les changements climatiques rendent le lac vulnérable au régime des pluies, contribuant à la variation de son niveau. Le caractère particulièrement plat de la topographie de son bassin provoque des mouvements spectaculaires.
Depuis les années 1960, ses eaux ont baissé de façon spectaculaire, réduisant à une simple fraction cette magnifique étendue d’eau visible de l’atmosphère. Les pressions climatiques et anthropiques de toutes sortes menacent de rayer de la carte cette ressource bleue rare. À cela s’ajoute, depuis 2015, la violence de groupes terroristes tels que Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIASO). Le conflit, qui a commencé par des attaques de Boko Haram dans le nord du Nigeria en 2009, s’est progressivement étendu à d’autres pays bordant le lac Tchad, causant la mort de plus de 40 000 personnes et forçant près de trois millions d’autres à fuir leur foyer. Ces violences ont créé l’une des pires crises humanitaires au monde, menaçant l’existence de plus de quarante millions de personnes qui dépendent du lac pour leur alimentation, la pêche, le bétail et l’agriculture.
La pandémie de COVID-19 n’a pas non plus épargné la région du lac Tchad, qui constitue un important hotspot de biodiversité. A partir de décembre 2019, la pandémie s’est répandue comme une traînée de poudre dans le monde entier. Pour la région du bassin du lac Tchad, ainsi que pour ses États membres, les impacts de cette pandémie ne sont pas seulement sanitaires mais aussi socio-économiques. Face à la perturbation des activités économiques, notamment la production agricole, la sécurité alimentaire, le commerce transfrontalier, le tourisme, les flux d’investissements étrangers, la stabilité macroéconomique, la paix et la sécurité, les Etats membres, confrontés à des difficultés budgétaires, ont également dû faire face aux dépenses liées à la lutte contre cette pandémie. La pandémie menace les progrès réalisés dans la région, aggrave les inégalités existantes et accentue la faim, la malnutrition et les vulnérabilités existantes.
En dépit de ces défis et de ces instabilités qui affectent la région, aggravant les difficultés déjà considérables, le LCBC, fidèle à son mandat et à ses missions, avec la détermination et l’engagement inébranlables des chefs d’État et de gouvernement des États membres, a maintenu le cap.
Dans ces eaux troubles et ces embûches de toutes sortes, l’organisation n’a pas relâché ses efforts pour promouvoir la coopération régionale, la solidarité et l’intégration entre ses Etats membres et ses populations. Malgré ces défis de taille, l’organisation, qui a maintenant 57 ans, a réussi à accomplir de grandes choses au profit de ses pays membres et de ses populations.
Le défi pour l’avenir de la Commission est de garder la tête hors de l’eau, de rester un organisme de bassin unique qui assure un suivi adéquat, une alerte précoce et une identification rapide des nouveaux défis afin de permettre à ses pays membres d’y répondre collectivement, conformément à ses idéaux fondateurs de solidarité, de coopération et d’intégration.
L’objectif de la Commission est de continuer à développer une région stable, sûre et pacifique où le bien-être des communautés est garanti afin que les générations actuelles et futures puissent bénéficier des formidables ressources de la région.
Au nom des Etats membres de la CBLT, des populations du bassin du lac Tchad et de tous ceux qui continuent à travailler sans relâche avec courage et abnégation pour le développement de la Commission du bassin du lac Tchad et de la région du lac Tchad, je nous souhaite à tous une bonne et heureuse Journée des Fondateurs.
Joyeux 57ème Anniversaire !
Le Secrétaire exécutif