Clap de fin pour le 4ème Forum des Gouverneurs du bassin du lac Tchad
N’Djamena, le 8 juillet 2023 – Les lampions du 4ème Forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad, pour la coopération régionale sur la stabilisation, la consolidation de la paix et le développement durable, se sont éteints hier dans la capitale tchadienne rafraîchie par une bienveillante ondée. Placée sous le thème « Nouvelles opportunités pour la paix dans un contexte sécuritaire en pleine mutation », cette plateforme essentielle pour la promotion de la paix et du développement dans le bassin du lac Tchad a regroupé autour de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), de la Commission de l’Union Africaine (CUA) et du Programme des nations Unies pour le développement (PNUD) quelques 350 participants dont les gouverneurs des huit régions du bassin du lac Tchad affectées par la crise, le système des Nations Unies, les institutions multilatérales et bilatérales, les donateurs, les organisations de la société civile, les chefs traditionnels et religieux et les médias, afin d’explorer, ensembles, les meilleures opportunités de promotion de la paix et du renforcement de la collaboration régionale.
Ceci, dans un contexte caractérisé par une dynamique de conflits et de défis émergents qui ont entraîné de déplacements massifs de populations, des dommages au tissu social, des services publics interrompus et des capacités institutionnelles affaiblies dans les pays affectés, notamment au Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad.
Il s’agit notamment pour ces éminentes personnalités, triées sur le volet, d’affiner leur compréhension des dynamiques sécuritaires en cours dans la région et les implications des efforts pour parachever le rétablissement de l’autorité de l’Etat ; de faire l’état de mise en œuvre de la SRS au cours des cinq dernières années et de proposer des priorités stratégiques clés pour la prochanie phase ; d’identifier les voies et moyens en vue de la réintégration communautaires et de la justice transitionnelle dans la région ; d’examiner le rôle et l’implication des groupes d’autodéfense et des acteurs sécuritaires non étatiques affiliés au gouvernement dans la région du lac Tchad ; de trouver des moyens d’intensifier et de créer des partenariats pour mettre en place des solutions à la situation des personnes déplacées forcées (refugiées et personnes déplacées internesà ; de fournir des options de sécurité climatique et de gestion des ressources naturelles dans le bassin du lac Tchad ; d’examiner les dynamiques des conflits agriculteurs- éleveurs et leurs implications sur la résilience communautaire et la paix durable dans la région du lac Tchad, etc.
En effet, au cours des deux dernières décennies écoulées, les quatre pays ayant en partage le lac Tchad (à savoir : le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad) ont été confrontés à des défis et enjeux multiples, résultant d’une combinaison de facteurs multidimensionnels complexes, dont des crises et des conflits impliquant des groupes armés non étatiques, des niveaux extrêmes de pauvreté, des bouleversements climatiques et plus récemment la pandémie du Covid-19.
Ces faisceaux de facteurs interconnectés ont entrainé l’une des plus graves crises humanitaires de ces dernières années, avec près de 3 millions de personnes déplacées, plus de 11 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire d’urgence dont plus de la moitié confrontée à insécurité alimentaire et plus de 500 000 enfants souffrant de malnutrition sévère, selon les statistiques des Nations Unies.
Si sur le plan militaire et sécuritaire, la situation est en train de se stabiliser progressivement, notamment grâce aux efforts conjugués de la Force multinationale mixte des pays membres de la CBLT et des différentes armées nationales, il n’en demeure pas moins que, sur le plan économique et social, tout reste à construire ou à reconstruire. Près de 13 ans de conflits et de violences ont, en effet, entrainé des pertes en vies humaines, des déplacements massifs internes et transfrontaliers des populations, la destruction du tissu social et des biens, ainsi que la violation des droits de l’homme, la perturbation des services publics et l’affaiblissement des pouvoirs publics.
Composante essentielle de la Stratégie régionale de stabilisation, de relèvement et de résilience des zones du bassin affectées par la crise Boko Haram (SRS), le Forum des Gouverneurs constitue ainsi un cadre unique et privilégié de dialogue et d’échanges entre différentes parties prenantes (gouverneurs des régions, Système des Nations unies, agences multilatérales, société civile…) sur la nécessité d’un ensemble complet, multisectoriel et coordonné d’initiatives locales, nationales et régionales pour parvenir à une stabilisation, un relèvement et une résilience à long terme, c’est-à-dire un avenir où la sécurité est rétablie, les communautés sont reconstruites et les opportunités foisonnent dans la région du bassin du lac Tchad.
Sur ce plan, le Forum de N’Djamena n’a pas dérogé à la règle. Trois jours durant, les panelistes composés de gouverneurs, d’acteurs de la société civile, de chercheurs, d’universitaires, d’humanitaires, de partenaires au développement ont abondamment échangé sur les voies et moyens d’une meilleure consolidation des acquis, de la coopération régionale et la création de nouvelles opportunités d’engagements multipartites pour faire face aux défis sécuritaires et climatiques dans le bassin du lac Tchad.
Les discussions ont notamment porté sur sept thèmes principaux, à savoir :
- Situation sécuritaire dans le bassin du lac Tchad ;
- L’avenir de la stabilisation, du relèvement et de la résilience : poser les bases d’une paix et d’un développement durable dans la région ;
- Réintégration communautaire et justice transitionnelle ;
- Renforcement et parténariat pour des solutions à la situation des personnes déplacées (réfugiées et personnes déplacées internes) dans le bassin du lac Tchad ;
- Groupes d’autodéfense et acteurs de la sécurité affiliés au gouvernement dans le bassin du lac Tchad ;
- Au-delà de l’adaptation : renforcer les capacités locales et régionales pour relever les défis de demain en matière de sécurité climatique dans le bassin du lac Tchad ;
- Agropastoralisme, dynamique entre agriculteurs et éleveurs et résilience communautaire dans les régions frontalières du bassin du lac Tchad.
Ce quatrième Forum des Gouverneurs, qui se tient à un moment où la première phase de la SRS s’achemine vers sa fin, a aussi offert une occasion unique aux différentes parties prenantes de faire le point et d’apporter les améliorations nécessaires dans la mise en œuvre de la seconde phase. Ainsi,tout en félicitant les différentes parties prenantes pour les progrès appréciables et significatifs accomplis dans la mise en œuvre de cette SRS,y compris dans l’amélioration de la sécurité et des services de base dans la région, le Forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad a convenu d’œuvrer plus que par le passé – avec le soutien des partenaires – dans l’intensification et le renforcement des efforts conjoints visant à stabiliser, à consolider la paix et à favoriser le développement durable dans la région du bassin du lac Tchad, notamment par l’amélioration des moyens de subsistance, la fourniture d’infrastructures, le renforcement de la sécurité, la restauration de l’autorité de l’État et le renforcement de la coopération transfrontalière, etc.
A cet effet, il a exhorté l’ensemble des partenaires à maintenir leurs engagements et leurs actions en faveur de la réalisation des objectifs précités, en accordant une plus grande priorité au développement socioéconomique, en tant que principal moyen de mettre un terme à l’insécurité et faire face durablement à la crise dans toute la région, avant d’inviter l’Union africaine et les autres acteurs concernés à poursuivre et à intensifier les soutiens à la FMM afin de lui permettre de poursuivre et d’améliorer ses efforts pour mieux assurer la sécurité nécessaire à une mise en œuvre plus efficace de la SRS. Il a enfin exhorté les autorités locales, nationales et régionales à redoubler d’efforts pour trouver des solutions à la situation difficile dans laquelle se trouvent les réfugiés et les personnes déplacées dans la région BLT, en poursuivant la réflexion commune sur le rôle des groupes d’autodéfense et des autres acteurs de la sécurité affiliés au gouvernement dans la région, tout en adhérant aux normes internationales en matière de droits de l’homme et en créant des voies de réintégration dans la vie civile de leurs membres pendant la poursuite des efforts de stabilisation, notamment à travers la recherche de mécanismes innovants de financements durables, en élargissant la base de partenariat incluant le secteur privé, afin de répondre aux ambitions accrues de stabilité dans la région du BLT…
Le cinquième Forum des Gouverneurs du bassin du lac Tchad, pour la coopération régionale sur la stabilisation, la consolidation de la paix et le développement durable se tiendra l’année prochaine, dans l’Etat de Yobé, au Nigeria, à une date qui sera communiqué ultérieurement.