L’intégration régionale et la gestion des risques liés aux ressources naturelles au cœur du Deuxième Forum annuel international sur le développement de la région du lac Tchad.
Le Deuxième Forum annuel international sur le développement de la région du lac Tchad at ouvert ses portes ce mardi 23 mai 2023 à Niamey.
Conjointement organisé par la Commission du bassin du lac Tchad et la Banque mondiale, il a pour thème « Intégration Régionale et gestion des risques liés aux ressources naturelles : solutions pour une paix et un développement Economique durable dans la Région du Lac Tchad ». Ce forum, deuxième du genre, après celui d’Abuja (Nigeria) en avril 2022,vise notamment à faire la situation sur l’état du bassin en termes de développement durable des ressources naturelles, de résilience climatique, de mobilité, de paix, de stabilité et d’intégration régionale.
Ainsi, trois jours durant, quelques 300 participants, issus des différentes sphères concernées par les questions de développement de la région du lac Tchad, y compris les Etats membres de la Commission du bassin du lac Tchad, le Secrétariat exécutif de la CBLT, les universités du bassin, les chercheurs, les experts et spécialistes des questions de développement, de l’humanitaire et du sécuritaire, les bailleurs de fonds, les collectivités locales, la chefferie traditionnelle et les leaders religieux, les associations de femmes et de jeunes…, échangeront et partageront idées, connaissances, expériences et expertises, sur les défis actuels et les questions en suspens dans la gestion des ressources naturelles, dans un contexte de changement climatique. Ils se pencheront également sur la manière dont cette gestion proactive pourrait contribuer à une meilleure intégration régionale, au renforcement de la coopération et de la solidarité régionales, à la construction de la paix, de la stabilité, de la sécurité et d’un développement durable dans ce bassin durement éprouvé par un enchevêtrement de crises complexes.
Ouvrant les travaux, le Premier ministre de la République du Niger, M. OUHOUMOUDOU MAHAMADOU a salué la pertinence d’une telle thématique qui rentre dans le cadre des défis majeurs auxquels est confrontée la région du lac Tchad, à savoir, pauvretés, insécurités, vulnérabilités et fragilités. Tout en soulignant les efforts déployés par les Etats membres pour juguler ces crises, qui ne peuvent être régler que de manière coordonnée, concertée, inclusive et intégrée, OUHOUMOUDOU MAHAMADOU a exhorté les panélistes à plus d’engagement et d’actions audacieuses et concrètes, centrées sur le besoin capital de s’attaquer aux vraies causes de la crise, afin que le lac Tchad redevienne cette « plaque tournante du commerce interrégional et des flux commerciaux ». Une situation qui n’est aujourd’hui guère possible sans une véritable « coopération transfrontalière et inter-régionale mais aussi une coordination opérationnelle permanente entre tous les pays membres ». Aussi, le Premier ministre a-t-il déclaré que « les gouvernements des pays membres de la CBLT fondent beaucoup d’espoir sur les conclusions opérationnelles qui sortiront de ces échanges », avant de conclure en promettant qu’il serait attentif aux résultats qui seront issues de cette rencontre.
Pour sa part, le Secrétaire exécutif de la CBLT, l’ambassadeur MAMMAN NUHU a relevé la cohérence qui existe entre ce Forum et les piliers de la Stratégie régionale de stabilisation et de redressement des zones du bassin affectées par la crise Boko Haram. Il a opportunément rappelé comment la nature multidimensionnelle et transfrontalière de l’enchevêtrement des crises auxquelles est confronté le lac Tchad a conduit à la tenue du Forum inaugural des gouverneurs du bassin du lac Tchad et à l’élaboration d’une Stratégie régionale de stabilisation. Laquelle a préconisé la mise en œuvre de projets fédérateurs et intégrateurs pour s’attaquer aux causes profondes, de façon globale et durable, la crise sévissant dans le bassin du lac Tchad.
Financé par la banque mondiale, le Projet de relance et de développement de la région du lac Tchad (PROLAC) – qui parraine le Forum annuel international sur le développement de la région du lac Tchad – constitue justement l’un de ces projets structurants intégrateurs. Avec comme objectifs le renforcement de la collaboration régionale entre les quatre pays riverains du lac Tchad et l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment les femmes et les jeunes, fortement confrontés aux conséquences négatives du changement climatique et de l’insécurité, le PROLAC appuie également les plateformes de coordination nationale et régionale, le renforcement des capacités locales, la restauration d’une mobilité rurale durable et de la connectivité et la reprise des activités agricoles rémunératrices. Il appuiera également le partage de connaissances et le dialogue régional à travers une plateforme de données hébergée par la Commission du bassin du lac Tchad et l’organisation d’un forum annuel international regroupant tous les acteurs clé autour d’une thématique précise.
Des projets du type du PROLAC, la Banque mondiale en « finance une trentaine, pour une enveloppe de plus de 600 milliards de CFA dans toute la région sahélienne », affirmé le représentant de cette institution de Bretton Woods. poursuivi en affirmant que la Banque mondiale était encore plus encline « non pas à investir mais à investir mieux », en se déclarant ouvert à toutes les initiatives visant à fédérer davantage les efforts et les énergies pour résoudre de manière holistique et concrète la crise du bassin du lac Tchad.
Le forum sur le développement de la région offre justement cette plateforme où les décideurs, les chercheurs, les acteurs de développement, les bailleurs et les bénéficiaires des actions de développement peuvent se retrouver et tirer les enseignements de ce qui a déjà été accompli, consolider les efforts visant à faire progresser les interventions globales de stabilisation de redressement et de résilience et améliorer les synergies et la collaboration pour relever les défis auxquels ils sont confrontés.
Se déroulant en présentiel et en virtuel, le présent forum ne fait point exception à la règle. En sus de la gestion des ressources naturelles dans un contexte de changement climatique, de l’interconnectivité et du développement socio-économique, de la gestion des connaissances pour la prise de décisions…, il se penchera également sur l’examen de questions pratiques et essentielles pour ces populations durement éprouvées, telles que l’intégration régionale, les infrastructures, la mobilité transfrontalière, la gouvernance, l’insécurité, le développement agricole, la résilience et les meilleures pratiques, la cohésion sociale et l’inclusion, les dynamiques climatiques et la gestion des risques d’inondations ainsi que l’autonomisation socio-économique des jeunes et des femmes, etc.
Il convient de souligner que les propositions et les recommandations, qui en sortiront, iront enrichir le Quatrième Forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad, prévu en juillet prochain, à N’Djamena, au Tchad.