Des experts de la CBLT et de ses Etats membres en formation sur le maniement des équipements hydrométéorologiques
Former les experts des Etats membres et ceux du Secrétariat exécutif de la CBLT sur l’installation, l’utilisation et la gestion des équipements hydrométéorologiques, acquis à grands frais par cette institution régionale, tel est l’objectif principal de cet atelier régional de formation des experts qui a ouvert ses portes ce lundi mai 2022 à N’Djamena (Tchad).
Cinq jours durant, les experts venus du Cameroun, du Niger, du Nigeria, du Tchad, de la Centrafrique, ainsi que ceux de la CBLT auront ainsi loisir à échanger et à approfondir leurs connaissances, entre autres, sur le fonctionnement, l’exploitation et la maintenance des équipements hydrométéorologiques, la collecte et la transmission des données, la configuration et le paramétrage des stations automatiques, la maintenance et le dépannage des stations automatiques. En outre, cette formation comporte également une phase de travaux pratiques, avec la simulation d’installation des stations, les séances de collecte des données sur site, la télétransmission, le traitement des données et bien d’autres questions connexes.
Ouvrant les travaux de cet atelier, le Secrétaire exécutif de la CBLT a de prime abord rappelé l’une des missions cardinales dévolues à son institution : assurer l’accès équitable et durable, pour chaque Etat membre, à l’eau, en quantité et en qualité acceptable pour satisfaire ses besoins et ses droits, sans aliéner les ressources en eau douce, l’écosystème et la biodiversité.
Aussi la CBLT, à travers sa stratégie d’intervention et l’Observatoire du bassin du lac Tchad, s’est-elle, entre autres, assignée pour mission le renforcement de la connaissance des ressources en eau du bassin ainsi que le développement et exploitation d’un système régional intégré d’information sur l’eau comme outil d’aide à la décision pour une gestion efficace des ressources du lac Tchad.
Dans cette optique, la Charte de l’eau de la CBLT a prévu la collecte régulière, par les Etats membres, sur leurs portions nationales du bassin, des données nécessaires et leur partage régulier avec les autres Etats membres par le biais de la CBLT. Ces données alimentent ainsi une base de données régionale (BDR), contribuant ainsi à une gestion intégrée et plus efficace des ressources en eau et environnementales du bassin.
« C’est pour assurer la mise en œuvre effective de la Charte de l’eau, que le Programme de Réhabilitation et de Renforcement de la Résilience des Systèmes Socio-Ecologiques du Bassin du Lac Tchad (PRESIBALT) et le Projet d’appui à la CBLT pour l’amélioration de la gestion du lac Tchad, ont, entre autres, décidés de soutenir l’opérationnalisation de cette Base de données régionale de la CBLT. Notamment grâce à l’amélioration et la densification des réseaux d’observation hydrométéorologique dans le bassin du lac Tchad. Aussi ces projets financés d’une part, par le Groupe de la Banque africaine de développement et le Fonds FEM-PNUD d’autre part, ont permis à la CBLT de disposer de ces équipements hydrométéorologiques au nom des Etats membres. », a expliqué l’ambassadeur Mamman Nuhu.
Selon le Secrétaire exécutif, cette formation s’inscrit donc dans la droite ligne du Plan de travail et du budget annuel 2022 de la CBLT. Lequel prévoit, entre autres, la formation des experts des États membres et de la CBLT sur l’installation et l’utilisation de ces nouveaux équipements, afin d’en assurer l’appropriation et l’utilisation effectives, afin de disposer d’une base de données régionale fonctionnelle. La participation des points focaux nationaux de la CBLT à cette formation offre également une occasion inespérée pour discuter du modèle de distribution des équipements proposé par le Secrétariat exécutif entre les États membres et des stratégies visant à faciliter leur installation, a ajouté l’ambassadeur Mamman Nuhu.
Avant de réitérer ses profonds remerciements aux partenaires techniques et financiers, notamment le Groupe de la banque africaine de développement, le Fonds mondial pour l’environnement et le Programme des Nations Unies pour le développement, pour leur constant appui à la CBLT pour la stabilisation, le redressement et le développement du bassin du lac Tchad, le Secrétaire exécutif a exhorté tous les participants à donner le meilleur d’eux-mêmes, afin de parvenir à une meilleure appropriation des techniques d’installation, de maintenance, de suivi et d’utilisation de ces équipements, haut de gamme, susceptible de permettre à la CBLT et à ses Etats membres à atteindre l’objectif visé : celui d’une meilleure connaissance et d’une gestion durable de ce « Patrimoine commun » que représentre le lac Tchad.
Partie prenante dans cette formation, le PNUD, à travers son Représentant –résident au Tchad, a notamment rappelé que les ressources environnementales du bassin du lac Tchad restent essentielles à la survie des populations du lac Tchad, tant pour leur subsistance quotidienne que pour le développement économique de la région. « Très malheureusement, nous avons observé, au cours de ces dernières décennies, une dégradation croissante des ressources en eau et des écosystèmes dans le bassin du lac Tchad, aggravée par le défi sécuritaire actuel et la migration subséquente du bétail et des personnes à la recherche d’une vie meilleure. », a indiqué Kamil Kamaluddeen.
Le Représentant-résident a poursuivi en affirmant que la tenue du présent atelier participe de cet engagement constant de la CBLT et de ses partenaires technique et financiers – dont le PNUD – pour optimiser les services hydrométéorologiques et promouvoir une prospérité partagée, à travers notamment la mise en œuvre effective de la « Charte de l’eau du bassin du lac Tchad ».
« Le suivi régulier de l’écosystème, le renforcement des capacités du personnel chargé du suivi et de l’interprétation de ces données ainsi que la participation active des Etats membres du LCBC demeurent cruciaux dans le partage des données/informations de manière systématique et cohérente… » a ajouté Kamil Kamaluddeen.
Lequel s’est réjoui de constater le grand intérêt manifesté par les États membres pour cet atelier de formation sur la collecte et la diffusion des données/informations, saluant au passage l’engagement, la vision et le leadership du Secrétariat exécutif de la CBLT à ménager aucun effort pour la création d’un vaste mouvement de restauration de l’environnement au niveau régional, avec des résultats concrets, avant de réitérer l’entière disponibilité de son organisation à travailler avec tous les partenaires de la CBLT pour la facilitation de la collecte, du partage et du suivi des données et des informations et leur intégration dans une base de données régionale.
Au confluent de l’hydrologie et de la météorologie, l’hydrométéorologie est une discipline scientifique qui consiste donc à fournir aux usagers des informations de meilleure qualité sur les conditions météorologiques, hydrologiques et climatiques susceptibles leur permettre d’anticiper et de se préparer aux catastrophes naturelles. Il s’agit notamment de la fourniture de prévisions météorologiques en temps réel, des outils permettant d’anticiper les sécheresses à long terme et à des systèmes de surveillance hydrologique. Ces services permettront aux communautés, alertées suffisamment tôt, d’évacuer, par exemple, les zones menacées avant la survenue d’une catastrophe, de prendre des décisions de gestion des ressources en eau, etc.
Pour la CBLT et ses Etats membres, en butte aujourd’hui à des défis conjoncturels et structurels complexes dont les aléas climatiques et les risques de catastrophes naturelles n’en constituent que la face la plus visible, l’importance d’un tel outil ne se dément pas. Confrontés à une conjonction de risques, dont l’aggravation des conditions météorologiques actuelles découlant du changement climatique, ces pays majoritairement ruraux et agricoles, ne serait-ce qu’en ce qui concerne leurs portions nationales du bassin, ces Etats peuvent, par exemple, mieux prévenir les sécheresses et / ou les inondations, les phénomènes hydrométéorologiques qui nuisent gravement aux activités agricoles, faisant basculer des millions d’individus dans l’insécurité alimentaire et paralysant une économie régionale basée généralement sur l’agriculture, l’élevage et la pêche.
D’où l’intérêt de l’hydrométéorologie et de l’intégration de ses outils dans la prise de décision. La Charte de l’eau de la CBLT et la base de données régionale y contribueront assurément, notamment avec la modernisation et l’acquisition de technologies de prévision qui rendront ces services plus efficaces, faciliteront l’accessibilité des données météorologiques et permettront aux responsables et aux décideurs de mieux protéger leurs concitoyens, accroître la productivité et favoriser une croissance économique plus équitable dans un large éventail de secteurs, notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche, les transports, l’énergie et la santé, etc.