Réunion conjointe ABN-CBLT : Contrer les spirales négatives de la rareté des ressources et des conflits pour asseoir des opportunités de développement résistant au changement climatique
La salle de réunion de la CBLT a, du 28 au 29 juin 2022, servi de cadre à une réunion d’échanges entre l’Autorité du bassin du Niger (ABN) et la Commission du bassin du lac Tchad autour de la gestion pacifique des ressources naturelle dans les organismes de bassins transfrontaliers.
Organisé dans le cadre du projet FREXUS (Amélioration de la sécurité et de la résilience au changement climatique dans les contextes fragiles à travers le Nexus Eau-Energie – Sécurité Alimentaire) de la coopération allemande, sur financement de l’Union européenne, cette rencontre, la première du genre, s’inscrit notamment dans le cadre d’échanges d’expériences en vue du renforcement de rapports de coopération et de partenariats, entre les deux organismes de bassins frères, confrontés aux mêmes défis, pour une meilleure coordination des interventions.
Prenant la parole en premier, le Secrétaire exécutif de l’ABN n’a pas manqué de mettre en exergue le projet FREXUS, pour son approche holistique dans les bassins du Niger et du lac Tchad, en vue d’apporter des réponses claires et appropriées aux défis de gestion pacifiques des ressources naturelles et des conflits liés à leur gestion et leur exploitation. « Le projet FREXUS poursuit une approche intégrée et basée sur le Nexus Eau-Energie-Sécurité alimentaire-Conflits, pour contrer les spirales négatives de la rareté des ressources et des conflits et, au contraire, pour établir des opportunités de développement résistant au climat. De ce fait, la problématique abordée par le FREXUS se place actuellement au cœur et au centre des préoccupations des populations de nos bassins, confrontées à des crises multiformes et multidimensionnelles, en l’occurrence celles sécuritaires, alimentaires et climatiques », M. Abdérahim Biremé Hamid.
Eu égard à l’importance de la thématique abordée, le secrétaire exécutif de l’ABN a exhorté les experts des deux institutions sœurs de procéder à un partage sans retenue de leurs expériences respectives en la matière, en accordant toute l’attention requise durant ces deux jours de travaux et en formulant des propositions et recommandations à la hauteur des défis à relever, pour une meilleure coordination des interventions des organismes de bassins en matière de prévention et de gestion pacifique des ressources naturelles et des conflits qui y sont liées, pour l’intérêt de nos vaillantes populations. Avant de conclure son propos, il a assuré les experts du soutien et la disponibilité de l’ABN pour faire aboutir de ce processus enclenché par les deux organismes de bassins.
Prenant la parole à son tour, le secrétaire exécutif de la CBLT, l’ambassadeur Mamman Nuhu, a de prime abord, magnifié l’importance de la ressource eau, clé de voûte de tout développement durable, notamment pour la région sahélienne où les questions pressantes liées à l’eau, à l’énergie, aux changements climatiques, à la sauvegarde de la biodiversité et la préservation des écosystèmes…, sont quasiment des questions existentielles, qui se pose à tous les Etats, avec une acuité toute particulière : « Nous en avons, en effet, besoin pour la santé, la sécurité alimentaire et le progrès économique… Nous devons donc agir de telle sorte que l’eau demeure un catalyseur pour la coopération et non une source de conflits au sein des communautés et des pays membres », a souligné l’ambassadeur Mamman Nuhu.
Dans cet espace géostratégique comprimé entre Sahel et Sahara, l’exacerbation des conflits autour des ressources naturelles (eau, terre, énergie) jouent un rôle significatif dans la détérioration de la situation sécuritaire et leur manque d’accès constitue une contrainte majeure pour le développement durable, a poursuivi le Secrétaire exécutif de la CBLT.
D’où la nécessité, face à ces défis immenses, complexes et interconnectés, d’adopter une approche collective, intégrée et intégrante de la gestion des ressources naturelles, en particulier dans les deux zones de bassins transfrontaliers. Aussi, a-t-il émis le vœu que « les débats et les échanges fructueux, engagés lors de cette importante rencontre, déboucheront sur des propositions et des recommandations pertinentes, qui auront assurément des retombées positives pour nos deux organisations de bassins respectives, nos Etats membres ainsi que nos populations ».
Il convient de rappeler que l’ABN et la CBLT ont, dès 2019, signé un Accord-cadre de coopération et partenariat pour une meilleure coordination et une harmonisation de leurs interventions respectives dans les domaines d’intérêt commun bien spécifiés. Toutefois, cet accord semble en sommeil cataleptique. Peut-être que le projet FREXUS pourrait le réveiller…
Exécuté par la GIZ, avec un financement de l’Union européenne, le projet FREXUS (Nexus dans des contextes fragiles) vise à renforcer la paix et la stabilité dans les zones où les conflits liés aux ressources sont exacerbés par le changement climatique. Le FREXUS vise à développer et à tester des outils et une méthodologie d’évaluation concernant les liens entre l’utilisation des ressources, le changement climatique et les conflits, tout en identifiant et en mettant en œuvre des activités pour relever les défis qui se posent, en particulier dans les contextes fragiles. Le projet Frexus se concentre sur les communautés locales et se consacre à l’inclusion des acteurs de la sécurité et des parties les plus vulnérables de la population, en particulier les femmes.