1964 – 2022 : La CBLT célèbre son 58ème anniversaire
N’Djamena, Tchad – 22 mai 2022. La Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) fête ce jour le 58ème anniversaire de la date de sa création.
En effet, il y avait exactement 58 ans, jour pour jour que quatre chefs d’Etat visionnaires (MM. Ahmadou Ahidjo, Diori Hamani, François Tombalbaye et Sir Abubakar Tafawa Balewa, respectivement présidents de la République du Cameroun, de la République du Niger, de la République du Tchad et premier ministre fédéral du Nigéria), apposaient, à Fort Lamy, naguère capitale du Tchad, leur signature au bas d’un document scellant la création d’une organisation de coopération interétatique – et qui allait devenir la CBLT.
Appelée « Convention de Fort Lamy », cette Convention qui sera par la suite ratifié par l’ensemble des Parlements des Etats signataires, délimite un vaste polygone qui englobe le lac Tchad — couvrant à lui seul plus de 25 000 kilomètres carrés, — les rivières qui y affluent et une nappe souterraine importante. Le bassin ainsi circonscrit ou bassin conventionnel s’étendait alors sur quelque 1 000 kilomètres de long et sur 800 de large. Il est situé pour sa plus grande partie en territoire tchadien, mais couvre également de vastes portions des territoires du Nigéria, du Niger et du Cameroun.
C’est cet ensemble que les Etats intéressés entendent développer dans le cadre d’une politique quadripartite de coopération en y coordonnant études et travaux. La nécessité d’une telle convention est évidente. Car, une utilisation désordonnée ou incontrôlée des eaux du bassin tchadien risquerait d’affecter le régime et l’exploitation de ce vaste réseau hydraulique qui reste très vulnérable.
De l’eau a coulé sous les ponts. Le frêle esquif, dont beaucoup ne donnait pas cher la peau au début, a, contre vents et marées, tenu le coup. Il est devenu, au fil du temps, une embarcation solide. Laquelle a maintenu le cap, nonobstant les récifs et les écueils. Même si la traversée a été émaillée de contraintes et de difficultés, cette dernière a tenu bon, grâce notamment à la boussole des pères fondateurs et la ferme volonté des quatre États fondateurs (devenus bientôt six : Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad, Centrafrique et Libye) de gérer leurs ressources communes par la coopération, la solidarité et l’entraide.
Le 58ème anniversaire de cette organisation régionale chargée de la gestion des ressources en eau (et de l’environnement) partagées du bassin et de la coordination de politiques régionales de développement, se déroule aujourd’hui dans un contexte de défis et de contraintes pour le bassin du lac Tchad, et au-delà pour l’ensembles des pays membres. Ce qui n’incite guère aux réjouissances.
Pour le Secrétaire exécutif de la CBLT, l’ambassadeur Mamman Nuhu, ce 58ème anniversaire de la CBLT n’offre pas cependant l’occasion de se réjouir mais plutôt de réfléchir davantage sur l’histoire illustre de cette organisation à nulle autre pareille. Il s’agit aussi d’un moment décisif où nous devons explorer des approches nouvelles et novatrices de développement, en vue de relever les défis multidimensionnels complexes auxquels font face le bassin du lac Tchad.
« Alors que le bassin du lac Tchad, plus que n’importe quelle autre partie du globe, fait face à des défis dantesques tels que le changement climatique, la dégradation de l’environnement, la pandémie du COVID 19, la pauvreté, les insécurités…, il n’y a vraiment pas matière à réjouissances mais plutôt à serrer davantage la ceinture et se retrousser les manches pour accroitre les performances… », a souligné l’ambassadeur Mamman Nuhu. яндекс
Oscillant entre des fonctions techniques de gestion des ressources environnementales partagées et des missions plus larges de développement ou de sécurisation régionale, la CBLT continuera de jouer ce rôle d’interface entre les politiques des États membres, les aspirations locales des riverains du Lac et du bassin, et les enjeux beaucoup plus planétaires qui se reflètent sur les eaux du lac Tchad.
Grâce à son expertise approfondie en mobilisation des connaissances sur les ressources de l’environnement et dans la construction d’une vision prospective au service de politiques de développement, elle continuera aussi à servir de locomotive et d’aiguillon dans la fourniture d’outils d’aide à la décision pour les autorités nationales et les communautés riveraines, ainsi que dans la gestion efficace et durable des ressources naturelles du bassin. Lesquelles doivent servir à faire face aux besoins actuels et à venir en matière d’alimentation et d’emploi dans le bassin du lac Tchad.
Outre les succès éclatants enregistrés récemment dans la lutte contre la nébuleuse terroriste, nous mettons davantage l’accent sur les mesures contenues dans la Stratégie régionale de stabilisation, de redressement et de résilience des zones du bassin du lac Tchad affectées par la crise Boko Haram. Nous nous attelons particulièrement à combattre les causes sous-jacentes de la crise telles que les inégalités, les iniquités, la marginalisation, les discriminations, l’absence de services sociaux de base, le manque d’opportunités économiques, le niveau élevé de la pauvreté, l’impact du changement climatique et la dégradation des terres, en mettant l’accent sur l’égalité des sexes, l’inclusion sociale et l’intégration régionale.
Notre force réside dans la diversité, la complémentarité et la solidarité de nos différents Etats membres. Et notre source d’inspiration demeure l’engagement et la détermination de nos Chefs d’Etat et de gouvernement, à ne ménager aucun effort pour assurer le bonheur des 50 millions de personnes qui vivent dans le bassin du lac Tchad et qui y tirent la majeure partie de leur subsistance.
Presque sexagénaire, la CBLT est aujourd’hui bien placé pour tirer parti de ses succès passés en tant qu’organisation régionale unique en son genre. La Commission continuera sur cette lancée en approfondissant la fourniture des services pointus à ses Etats membres et à ses populations. »
« Ce 58ème anniversaire coïncide aussi avec le démarrage de plusieurs projets et programmes, davantage axés vers la satisfaction des besoins des groupes vulnérables, notamment les jeunes et les femmes. La recherche d’un mieux-être pour les populations du bassin, dans un cadre stabilisé, sécurisé et aseptisé constituant notre raison-d ’être, nous nous réjouissons, en même temps que tous ceux qui ont bien voulu nous accompagner dans cette exaltante œuvre de construction régionale, de contribuer ainsi à l’amélioration des conditions de vie et de bien-être des populations du bassin », a assuré le Secrétaire exécutif de la CBLT.
Joyeux anniversaire et bon vent à la CBLT !