Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad sur la situation au Tchad
À l’invitation de S.E. Muhammadu Buhari, président de la République fédérale du Nigeria et président du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CBLT, les chefs d’État et de gouvernement se sont réunis en session extraordinaire le 25 mai 2021 à Abuja, en République fédérale du Nigeria. Étaient présents les présidents Faustin-Archange Touadéra de la République centrafricaine (RCA), Mohamed Bazoum du Niger, Al Menfi Ohamed Al-Menfi du Conseil présidentiel de Libye, le ministre d’État, secrétaire général à la présidence de la République du Cameroun, M. Ferdinand Ngoh Ngoh, représentant le président Paul Biya et le président du Conseil militaire de transition du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby.
Etaient également présents le Lieutenant Général (Engr.) Ibrahim GABIR, membre du Conseil de Souveraineté du Soudan, le Président de la Commission de l’Union Africaine, l’Ambassadeur Moussa Faki Mahamat, le représentant du Président de la Commission de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), le représentant de la Commission de la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale) et le Secrétaire Exécutif de la CBLT et Chef de Mission de la Multinational Joint Task Force (MNJTF), l’Ambassadeur Mamman Nuhu.
Le Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la CBLT s’est concentré exclusivement sur la situation au Tchad suite aux attaques de groupes mercenaires ayant conduit à la disparition du Maréchal Idriss Déby Itno, le défunt Président du Tchad, en avril dernier.
Dans un contexte régional caractérisé par des défis de taille, notamment en matière de sécurité, de santé, de climat et d’économie, le sommet a examiné les conséquences de cet acte barbare sur la paix, la sécurité et le développement du Tchad et de la région du bassin du lac Tchad et des pays du Sahel en général.
Selon le Président Muhammadu Buhari dans son discours d’ouverture, « les menaces des groupes rebelles tchadiens, qui veulent renverser le gouvernement, doivent être prises avec tout le sérieux qu’elles requièrent. Les conséquences d’un Tchad déstabilisé pour la sous-région restent incalculables. » Il a rendu un hommage solennel à la mémoire de feu le Maréchal Idriss Deby Itno, champion implacable de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière.
« Il est de notre devoir collectif, et en l’honneur de la mémoire des hommes et des femmes qui sont morts dans la poursuite de la paix dans la région, de nous tenir à l’unisson en tant que dirigeants de la région pour veiller à ce que la paix, la stabilité et la sécurité ne soient pas perturbées au Tchad et dans la région dans son ensemble » a ajouté le Président Buhari.
Au cours de la session à huis clos, le Secrétaire exécutif a présenté un document de référence sur la situation au Tchad, qui a été suivi par des remarques du Président du Conseil militaire de transition du Tchad. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris la parole pour partager, chacun en leur qualité, leur préoccupation face à la situation découlant du chaos libyen et les mesures visant à contrer l’impact de la détérioration de la situation sécuritaire non seulement au Tchad mais aussi dans le bassin du lac Tchad et le Sahel en général, avec le soutien de la communauté internationale.
La déclaration approuvée par les participants a condamné sans ambiguïté les attaques mercenaires contre l’intégrité territoriale d’un pays membre, qui ont conduit à la mort du Président du Tchad. Ils ont exprimé leurs condoléances au gouvernement et au peuple de la République du Tchad et ont noté la gravité des menaces que représentent ces attaques pour la stabilité du Tchad et la paix, la sécurité et la stabilité régionales. À cet égard, ils ont exhorté les dirigeants régionaux et les partenaires de développement à prendre conscience de la nécessité de rétablir la paix et la stabilité dans la région, en particulier au Tchad, qui est actuellement confronté à une rébellion dans le nord et aux terroristes de Boko Haram.
Ils ont noté avec inquiétude que la situation en Libye est intrinsèquement liée à la détérioration de la situation sécuritaire caractérisée par un flux accru d’armes et de munitions illicites, de stupéfiants et une crise des réfugiés qui continue de menacer la sécurité de la région. Reconnu la mise en place du Conseil militaire de transition (CMT) d’un gouvernement civil inclusif de 40 membres dirigé par un Premier ministre, chef du gouvernement issu de l’opposition ; de la période de transition de dix-huit mois annoncée et a exhorté le CMT à s’engager activement dans le processus de réconciliation nationale et de dialogue en impliquant toutes les parties prenantes tchadiennes pour organiser des élections libres et équitables dès que possible. La Déclaration a lancé un appel à tous les Tchadiens pour qu’ils utilisent les services du ministère de la Réconciliation nationale nouvellement créé et privilégient le dialogue pour régler leurs différends. Ils ont appelé la communauté internationale à aider le processus de transition du Tchad pour le retour à la démocratie constitutionnelle dans le délai de dix-huit mois prévu. Ils ont noté l’impératif de créer un Fonds spécial pour soutenir le Tchad dans sa transition en cours et renforcer les institutions démocratiques et de gouvernance qui renforceront le contrat social et favoriseront son développement.
Ils ont salué les efforts de la MNJTF dans la lutte contre le terrorisme et d’autres crimes transnationaux dans la région et ont appelé à une plus grande collaboration entre les pays contributeurs de troupes afin de maximiser le potentiel de la force. Ils ont reconnu la nécessité de renforcer la coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme et d’accroître le soutien des États membres à la CBLT et à la MNJTF pour qu’elles puissent s’acquitter correctement de leurs tâches.
À la fin des délibérations, le sommet extraordinaire d’Abuja a exhorté les donateurs, les institutions financières internationales et la communauté internationale en général à soutenir le Tchad et à fournir l’aide financière nécessaire au retour à la normalité constitutionnelle dans le délai de la période de transition.